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Là haut, un zoo au-dessus des nuages

J’ai eu la chance de pouvoir parcourir cet automne le nord du Tonkin sur plus de 3.000 km. Ce circuit en boucle, de Hanoi à Haiphong, en passant par Mai Chau, Son La, Dien Bien Phu, Cha Pa, Bao Ha , Yen Binh, Bac Quang, Quan Ba, Yen Minh, Coc Pan, Cao Bang, Dong Khe, Na Cham, Dong Dang, On, Bac Ninh, et Ha Long m’a permis de visualiser le cadre décrit dans les multiples ouvrages concernant la guerre d’Indochine (de 1945 à 1954).

Ce périple « sur les traces de la Légion Etrangère » était aussi l’accomplissement d’une promesse faite à deux anciens képis blancs -à des périodes différentes- si d’aventure j’allais au Viet Nam, je rechercherais les lieux historiques et j’irais aussi me recueillir, en mémoire du sacrifice des dizaines de milliers de soldats tombés pour la défense du drapeau français et des valeurs qui s’y rattachent (courage, fidélité, patrie, famille, honneur, abnégation ou ténacité).

A Dien Bien Phu se trouvent d’immenses monuments érigés à la gloire de l’Armée de Libération du Vietminh, commandée par le génial et illustre général GIAP au service de l’Oncle HO ; monuments qui écrasent les visiteurs étrangers par la hauteur de leur suffisance. Pour ma part j’ai ignoré la propagande marxiste (nous étions selon mon guide, mon épouse et moi, les seuls touristes étrangers à ne pas vouloir visiter le champ de batailles, le musée et le mausolée) et je me suis rendu au monument de l’armée française.

Ce petit obélisque se situe dans le quartier Thanh Truong, près de la reconstruction du tunnel De Castries. Très rares sont les visiteurs qui se recueillent là, dans ce carré chargé de symboles, de sang et de sacrifices, d’explosions et d’exploits, de victoires et d’humiliations.

Ce monument a été érigé grâce à l’obstination de Rolf RODEL, sous-officier de la Légion et ancien combattant du Front de l’Est. En effet selon certaines sources, la Légion Etrangère avait enrôlé 35.000 soldats allemands issus des camps de prisonniers, au lendemain de l’armistice, dont plusieurs dizaines de sous-officiers et certains officiers, très compétents et efficaces, pour un engagement de 5 ans. Partout ailleurs au Tonkin, à Lao Kay ou à Lay Chau, à Ha Giang ou à Dong Van, à Meo Vac ou à Bao Lac, à Cao Bang ou à Dong Khe, à That Khe, à Lang Son, Dong Trieu ou Haiphong,  RIEN ! ! !  

Vae  Victis …Mais, « la gloire est le soleil des morts », R.I.P.

Au Tonkin, en novembre 2012, plus aucune trace d’un siècle de présence française. TOUT a été effacé, martelé, éradiqué. Subsistent encore les passerelles volantes au-dessus des rivières, des poteaux en béton portant les câbles électriques, quelques rares maisons coloniales et le chemin de fer qui n’a subi aucune amélioration ni modernisation ces 60 dernières années…

Hormis les alentours des grandes villes comme Hanoi ou Haiphong, le réseau routier est dans un état lamentable et nombreuses sont les routes coupées où nous avons dû stopper pour permettre aux pelleteuses et niveleuses de dégager les éboulements.

Peu de « touristes » et pour les attirer le régime marxiste a découvert l’exploitation de la visite des « minorités » (54 ethnies au Viet Nam). Ces indiens des temps modernes se retrouvent parqués dans des zones sous contrôle et se visitent comme des bêtes curieuses en voie de disparition, de la même manière que l’on visiterait le zoo de Vincennes ou les réserves indiennes de l’Arizona. C’est particulièrement vrai dans la région de Sapa (ex  Cha-Pa).

Comme ma femme et moi-même sortons en permanence des sentiers battus, nous avons pu nous rendre dans des villages isolés, seulement accessibles à pied, accompagnés par un « officier de liaison » de la milice, responsable de tribus H’mongs fleuris (méos), hameaux où seul arrive l’électricité. On touche ici à la réalité du paradis communiste dans ses moindres détails…

Langue de bois et « je ne sais pas encoret » en réponse à nos questions.

Excepté les innombrables constructions scolaires neuves (écoles primaires, collèges et lycées) et tous les bâtiments du pouvoir politique (sièges du Parti et maison du Peuple), le parc immobilier tonkinois et l’infrastructure hôtelière sont proches du délabrement et de l’insalubrité.

Le contraste entre le Tonkin et la Cochinchine est frappant : du 19ème siècle, on passe sans transition à 2012 et Saïgon  (Ho Chi Minh City) se présente comme la vitrine commerciale de la République Socialiste du Viet Nam, avec toutes les dérives correspondantes au mondialisme conquérant.

A l’extrême Sud du pays, dans le golfe de Thaïlande et à moins de 10km du Cambodge, l’île de Phu Quôc avait été choisie par le Pouvoir il y a 10 ans, comme une perle tropicale qui devait recevoir le tourisme balnéaire international, avec golfs, casino, hôtels 5 étoiles, etc… En 2012, cela reste un projet sans suite qui permet quand même à quelques « robinsons » de goûter au silence, de contempler des paysages superbes, de parcourir les plages vierges du Nord-Ouest de l’île, mais avec un confort rustique. Une réelle exception heureusement ignorée par la masse.

Le Viet Nam, pays sous-développé à la démographie galopante, concentre une inégalité criante parmi sa population et il n’est pas rare de voir une multitude de motos côtoyer des Mercedes 320 ou des BMW X6 (véhicules étrangers taxés à 150%) et ceci, même dans les villages les plus septentrionaux.

En conclusion de ce voyage de 4 semaines : brume, saleté, corruption et humidité. Un autre séjour s’impose pour découvrir l’Annam et le delta du Mékong, afin de pouvoir se forger une opinion, loin des clichés des guides touristiques actuels qui vantent des chimères asiatiques.

Pieter KERSTENS. Carnet de voyages.

NB : la visite en bateau de la baie d’Ha Long pourrait se comparer à un séjour à Disneyland. Mieux vaut regarder chez soi un bon DVD de National Geographic sur le sujet.

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