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La mémoire passoire de Libération

Présent 21.10.09.jpgTous les samedis, Libération propose à ses éventuels lecteurs un « Mag » qui comporte notamment une rubrique intitulée « Mag Rétro » où le quotidien anarcho-bancaire reproduit une de ces unes passées avec commentaires ad hoc.

Aurons-nous droit, un de ces quatre, à ces unes de l’époque où les Khmers rouges envahissaient Phnom Penh, événement salué avec la joie que l’on imagine par Libération » ? (1)

L’une de ces unes (nous la reproduisons) titrait : « Le drapeau de la résistance [à savoir celui des génocideurs de Pol Pot…] flotte sur Phnom Penh » (17 avril 1975). Le lendemain, c’était encore plus gros : « Sept jours de fête pour une libération. » Sept jours de fête pour une « libération » et quatre ans de génocide… Belle prouesse pour un quotidien créé deux ans plus tôt par des militants de la Gauche prolétarienne et des maoïstes.

Le 17 avril 1975, Patrick Ruel écrit dans Libération : « Une guerre révolutionnaire à l’heure de la détente. Cette formule résume l’originalité et le sens profond de la lutte de libération nationale menée depuis cinq ans par le peuple cambodgien contre l’agression américaine (sic). » Quand arriveront – très vite – les premières informations sur l’évacuation totale de Phnom Penh par ses « libérateurs » et les exécutions de masse, annonciatrices du génocide, le même Patrick Ruel expliquera qu’il ne s’agit que de « calomnies ».

Toute honte bue, le 13 févier 1985, alors que le film de Roland Joffé, La Déchirure, était sur les écrans, Libération confiera à un certain Patrick Sabatier le soin de justifier l’injustifiable : « A trop avoir voulu “avoir raison” de cette guerre, on s’est laissé aveugler, on n’a rien vu, rien compris ou presque (…). Nombreux sont aujourd’hui les imbéciles qui peuvent ricaner de tous ceux, journalistes en premier lieu [journalistes du Monde et de Libération, faut-il le préciser…] qui ont applaudi en 1975 la victoire des Khmers rouge. Rares (sic) sont ceux qui, à l’époque, avaient imaginé (resic), ne fût-ce qu’une partie de ce que serait la révolution khmère rouge. Rares (re-resic) aussi ceux qui, dès les premiers récits de réfugiés échappés du Cambodge, ont accepté ce qui devait rapidement s’imposer, l’existence d’un auto-génocide par la combinaison de la famine, du dogmatisme imbécile et des massacres. » Et passez muscade…

Oui, les « imbéciles », à savoir les anticommunistes forcément moins intelligents que les maos de Libération, auraient pu “ricaner” s’ils n’avaient été occupés à essayer de sortir de l’enfer rouge ceux qui pouvaient l’être encore.

Dix ans. Il aura fallu dix ans d’ignorance crasse et, il faut bien le dire, le choix de ne pas parler de la réalité du génocide cambodgien, pour que Libération admette du bout des lèvres cette « erreur » journalistique.

Aujourd’hui, Libération, aveuglé par un anti-américanisme primaire remet ça, notamment avec l’Iran, la Corée-du-Nord, les talibans afghans. « On » ne savait pas pour les Khmers rouges ? Mensonge. On a tout de suite su.

(1) Et aussi Le Monde qui titra à la même époque : « Un peuple en liesse accueille ses libérateurs ». On connaît la suite…


ALAIN SANDERS

Relevé dans PRESENT du 21 octobre 2009

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