La réunion de Pittsburgh n’a rien apporté de nouveau sur le plan économique. En revanche, une innovation politique lourde de conséquence a été actée avec la transformation définitive de l’ancien G8 en G20. En effet, l’Europe devient minoritaire au sein de ce forum chargé de la coordination économique du monde. On s’achemine ainsi, conformément aux vœux d’Attali et de ses amis, vers un gouvernement mondial dominé par les pays émergents. Il y’a seulement cinquante ans l’Europe régnait encore sur le monde grâce à ses empires coloniaux. Quel renversement en si peu de temps!
Avec la chute de l’Union soviétique, on a cru que la mondialisation allait étendre le modèle occidental à l’ensemble du monde: liberté, démocratie, libre marché. En fait, les classes moyennes occidentales se sont relativement appauvries sous l’effet conjugué des délocalisations et d’une immigration massive tandis que les bourgeoisies asiatiques s’enrichissaient. Il s’est ainsi opéré un nivellement au détriment de l’occident.
Pour les socialistes, la crise serait due aux excès de la finance. Pour les libéraux, la responsabilité en incomberait aux politiques monétaires laxistes de la FED et des états. En réalité, on a compensé le laminage des classes moyennes par un endettement excessif des ménages pour maintenir la consommation. Cet empire de dettes s’étant effondré, on a eu alors recours à la planche à billets et à l’endettement public pour sauver le système.
Le G20 tire donc à sa manière les leçons de la crise. Il amplifie le transfert des richesses de l’occident afin de substituer la consommation des pays émergents à celle d’une Europe déclinante. Il prépare la disparition des européens dans un immense marais indifférencié, déculturé, tiersmondisé. Grâce à ce phénomène de vases communicants, il élargit les marchés et garantit les profits d’une petite élite internationale qui concentre déjà la richesse et le pouvoir. Cela signifie que nous sommes en train de passer de la mondialisation à l’alter mondialisation.
Dans un excellent article de Valeurs actuelles, notre ami Jean-Christophe Mounicq estime que l’endettement public excessif annonce la fin des états providence. A mon humble avis, le passage à l’alter mondialisation laisse présager une autre issue. Les états vont résorber leur endettement grâce à l’inflation qui ruinera les épargnants occidentaux. En revanche, ils renforceront l’état providence (comme c’est le cas aux états unis) pour maintenir le contrôle social des populations.
Gérard Pince