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Le feu au lac contre l'Europe d'en haut

Philippe Randa.JPGJules Renard écrivait au XIXe siècle : « Le peuple, oui, à condition de ne pas voir sa gueule ! ». C’était alors une remarque fort peu sociale, on en conviendra. Aujourd’hui, si le social est encore dans les préoccupations quotidiennes des « Européens d’en bas », il obsède rarement les médias et les donneurs de leçons professionnels, plus préoccupés de politiquement correct.

Pour eux, en ce début de XXIe siècle, « le peuple, oui, à condition de ne pas tenir compte de son avis quand il vote mal »… car sinon, que faire sinon le dissoudre, ainsi que le préconisait le si sympathique et tellement marxiste dramaturge allemand Bertolt Brecht ?

 

Nos dirigeants français ont bien compris en 2005 la douloureuse leçon : la Constitution européenne ayant été refusée à sa plus grande stupéfaction par les électeurs lors d’un référendum, ils ont imposé le traité de Lisbonne grâce à leurs parlementaires, trop soucieux de préserver les multiples avantages de leurs fonctions.

 

Ce week-end, nos voisins helvètes étaient appelés à s’exprimer pour ou contre de nouvelles constructions de minarets surplombant les mosquées. Leur réponse est sans ambiguïté : plus de 57 % les refusent. Réponse claire, nette… et bien évidemment intolérable !

 

À l’exception notable de l’ex-Garde des Sceaux et désormais eurodéputée Rachida Dati(1), le tollé médiatique ne s’est pas fait attendre. De l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui déclare sur BFMTV que le résultat du référendum en Suisse prouve que « tout ne peut pas être décidé par référendum » – on se demande bien pourquoi ? Sinon le risque pour certains de quelques déconvenues comme celle du week-end– à l’actuel ministre des Affaires étrangères, ex-socialiste, Bernard Kouchner, « scandalisé par cette décision » et qui espère que « les Suisses reviendront (dessus) assez vite », ne cachant même pas ainsi un sous-entendu fort explicite : que la Suisse organise un nouveau vote, mais cette fois réservé à leurs seuls parlementaires pour annoncer ensuite sans doute et sans vergogne une grande victoire de la tolérance, de la démocratie, de la lutte contre les extrêmes et toutes ces sortes de choses…

 

Ces braillements indignés résonnent toutefois de plus en plus dans le vide… Ainsi, le journaliste Ivan Rioufol s’interroge dans Le Figaro (30 novembre) : « Où est l’intolérance ? Chez les Suisses, comme l’a déclaré Bernard Kouchner ce lundi matin (RTL) en critiquant leur vote contre les minarets (à 57,5 %), ou chez le ministre des Affaires étrangères, refusant d’accepter la règle démocratique ? » et qui rapporte qu’« invité à débattre ce matin(-là) sur Europe 1 (entre 13h10 et 13h20), (il a) pu constater que la station ne pouvait diffuser, faute de contradicteurs, que des commentaires d’auditeurs approuvant le vote. Une semblable consultation, en France, donnerait probablement des résultats similaires tant l’exaspération contre le politiquement correct semble être devenu un dénominateur commun, partout en Europe. »

 

Consultation, d’ailleurs, qui a actuellement lieu sur le site de l’hebdomadaire L’Express qui lance ainsi le premier référendum (ou sondage) sur la question en France ; on notera qu’il y a bien longtemps qu’il n’y a pas eu autant de participation : 19 000 réponses dans les 12 heures contre 2 800 sur l’identité nationale en une semaine.

 

Ce qui donne tout de même à réfléchir… et à constater que malgré quatre décennies passées par « l’Europe d’en haut » à vanter les bienfaits de l’immigration, à culpabiliser l’homme blanc de son lourd fardeau, à imposer une démocratie de plus en plus totalitaire et à formater ses peuples selon sa logique mercantile, l’échec est notoire.

 

Alors, oui, on ne peut que se réjouir du résultat de la votation suisse, même si l’on peut s’interroger sur certains de ses aspects, comme le fait très pertinemment Christian Bouchet dans sa chronique« Référendum anti-minarets, quelle victoire ? (vox-nr)

 

NOTE


(1) Interrogée sur France Inter, Rachida Dati s’est refusée à critiquer le mode de scrutin d’un pays « totalement démocratique comme la Suisse », considérant que la votation « est ce qu’il y a de plus démocratique » et qu’elle n’a pas à critiquer la réponse des électeurs ; ce qu’elle aimerait connaître, c’est pourquoi ils ont répondu ainsi à cette question et qu’elle ne croit pas « qu’ils aient répondu à une question d’urbanisme » comme l’a si finement estimé le chef de l’UMP, Xavier Bertrand.

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