Voici le récit de deux intimidations ordinaires, qui ne feront pas la une des journaux, mais qui révèlent mieux que des discours l’incroyable arrogance de certains « juifistes absolutistes » dans la France d’aujourd’hui.
Les deux se sont passées à Strasbourg.
Mes livres sont en vente sur Internet et chez certains distributeurs et librairies de notre mouvance. Mais aussi à Strasbourg, dans un important point presse/librairie du centre ville, qui les a acceptés dans ses rayonnages, au même titre que des revues et livres de gauche. Ce qui déplaît apparemment à certains grands démocrates. Qui ne ratent pourtant pas une occasion de proclamer à tout va leur amour de la liberté d’expression. A condition bien sûr que ladite expression leur agrée.
Il y a quelque temps, Freddy Raphaël, une sommité juive locale, par ailleurs professeur de sociologie à l'Université Marc Bloch de Strasbourg, se rend dans le magasin et, devant les clients présents, crée un mini incident, clamant haut et fort que ces livres - les miens - ne correspondent pas à la réalité. Et il s’en va. L’acte II va se dérouler environ une heure plus tard. Cette fois, c’est un couple, dont la femme, s’en prenant également à mes livres fait cette fois plus clairement dans la menace : « Vous savez que le contenu de ces livres est antisémite et que vous risquez d’avoir des ennuis ? ».
Nous savons fort bien ce qui se passe dans ces cas-là : neuf fois sur dix, le « menacé » s’aplatit comme une crêpe sans demander son reste, et le tour est joué. Pas dans ce cas. « Au Pacha », on est d’une autre trempe et mes livres sont toujours là. Je vous conseille d’ailleurs, si vous êtes dans le coin, d’y aller, afin de les encourager. A côté de l'intimidation ordinaire, il faut installer la résistance ordinaire.
Freddy Raphaël est un habitué de ce type d’intimidation. Il a obtenu l'an dernier du maire de la ville l'effacement immédiat d'une citation de Céline des murs de la médiathèque (voir archives du blog - 14 octobre 2008). S’il considère que mes livres ne correspondent pas à la réalité, qu’on en débatte publiquement. J’en serai ravie. Et ça aura quand même plus de panache que ce type de comportement minable.
Je n’avais pas l’intention de raconter un jour la seconde « intimidation ordinaire », mais elle va dans le même sens, et vous allez rigoler. Je vous la raconte donc.
Ca se passe pendant la campagne des régionales 2004 où je suis candidate. Nous tenons une réunion publique un certain soir dans mon quartier et je demande à mon mari de placarder l’annonce de la réunion dans son laboratoire, qui a pignon sur rue. Il n’est pas très chaud, n’aimant guère le mélange des genres, mais bon, pour me faire plaisir, il accepte.
J’installe donc mon affiche et pars. A mon retour, passant devant le labo, que vois-je ? Rien, l’affiche a disparu. Folle de rage, j’entre et vais aux nouvelles. Tout le monde ignore ce qu’est devenue l’affiche et a l’air sincère. Dans les allées et venues, personne n’a rien remarqué. Je remets derechef une nouvelle affiche.
Le lendemain, c’est mon mari qui me racontera la suite de l’histoire et le pot aux roses. Il se trouvait le matin dans l’entrée du labo lorsque surgit un quidam accompagné d’un petit garçon. Le quidam s’apprête – pour la seconde fois - le plus tranquillement du monde à arracher l’affiche, quand mon mari s’interpose. Alors, le quidam se tourne vers le gamin et lui dit : « Tu vois, mon fils, tu vois, ça, c’est un nazi ! » Un nazi ! A mon mari, qui est juif !!!
Mon mari lui a rétorqué : « Et vous, monsieur, vous êtes un imbécile et je vous prie de sortir de mon laboratoire. » Ce que l’autre a fait en fulminant et en marmottant des imprécations.
Renseignements pris, c’était un juif du quartier, à qui mon affiche ne plaisait pas et qui apparemment, trouvait tout à fait normal d'entrer afin de l’arracher. Hallucinant. De connerie et d’arrogance.