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Conséquences de l'immigration africaine en France

L’Afrique en Europe - causes, conséquences, perspectives : les conclusions de Yves-Marie Laulan

Le colloque L’Afrique en Europe - causes, conséquences, perspectives organisé par l’Institut de géopolitique et annoncé par Novopress s’est déroulé le 23 avril dernier à l’ASIEM. Voici les conclusions de son organisateurs Yves-Marie Laulan. Par ailleurs, le texte de l’intervention de Jean-Yves Le Gallou est disponible sur le site de la Fondation Polémia.

L’avenir de l’EurAfrique

Image Hosted by ImageShack.us L’histoire de l’homme présente de très nombreux exemples de la colonisation d’un pays, d’une région ou même d’un continent avec substitution progressive de la population d’origine par une population venue d’ailleurs, laquelle exerce naturellement peu à peu des effets d’influence, de transformation et, de façon ultime, de domination, dans les domaines les plus divers, économiques, sociétaux, linguistiques, religieux et, bien sûr politiques.

On songerait ici par exemple au Texas colonisé par les Espagnols au 17° siècle puis chassés par les colons américains de Houston au début du 19° siècle. Mais avant même cet épisode, ce serait la colonisation du continent américains par l’arrivée de colons britanniques du Mayflower, celle de l’Amérique latine à la suite de Cortez et de Pizarro, de l’Afrique du Sud où les Zoulous venus du Nord ont chassé ou massacrés les ethnies africaines d’origine pour être à leur tour refoulés par les colons Boers avant de prendre leur revanche avec l’admirable Mandela dans la 2° moitié du XX° siècle. On retrouverait le même processus, mais en pire, au Zimbabwe.

Mais au fond, il en est allé de même pour l’Algérie anciennement française puis devenue l’Algérie algérienne pour cause démographique. On en dirait autant du Kosovo ou les colons albanais ont fini par surclasser les habitants d’origine serbe pour obtenir tout récemment l’indépendance politique.

Dans tous ces exemples, sans exception, les phénomènes démographiques ont joué le rôle essentiel, un rôle sans appel. Tôt ou tard, la population la plus nombreuse, la plus dynamique démographiquement, à la fécondité la plus élevée, finit inéluctablement par l’emporter et imposer sa loi à la population d’origine à la fécondité anémiée. On reconnaitra ici sans peine en pointillé les traits de l’Europe en ce début de XXI° siècle.

En fin de compte, la leçon de l’histoire est claire : qu’elle soit pacifique ou violente, une immigration massive est quasiment toujours porteuse d’une menace politique à terme.

Pour ce qui concerne le cas européen, et plus particulièrement français, ce qui frappe le plus dans la situation actuelle est le caractère massif et étonnamment rapide du phénomène d’implantation d’une population allogène.

Songeons que l’installation des Romains dans la Gaule de César n’a concerné qu’une poignée d’individus et encore sur plusieurs siècles avant que la Gaule ne devienne romaine. L’invasion de l’Angleterre saxonne par les chevaliers normands de Guillaume le Conquérant ne concernait qu’un tout petit nombre d’individus armés, il est vrai de la force militaire. Des études anthropomorphiques récentes ont ainsi montré que génétiquement parlant la population britannique au XX° siècle ne comportant qu’un très faible pourcentage d’éléments venus d’ailleurs , pas plus, semblerait-il, de 3 à 4 % de la population d’origine installée dès la préhistoire.
En Europe, en ce début du XXI° siècle, là où il fallait naguère des siècles, les mutations démographiques s’effectuent en quelques années. On est manifestement en présence d’un phénomène démographique sans précédent dans l’histoire européenne. Il est également évident que le caractère exceptionnel du phénomène n’a pas encore pénétré la conscience des responsables politiques européen ni d’ailleurs d’une bonne partie de l’opinion publique.

Ce caractère exceptionnel est illustré par les informations tirées d’une toute récente étude de l’INED, sous la plume de Mme Tribalat, démographe respectée et reconnue. Cette publication de l’INED montre que la proportion de jeunes d’origine étrangère est passée de 11,6% en 1968 à 18,1 % en 2005, notamment en Ile- de- France où elle est passée de 16 % à 37 % (1). En d’autres termes, sur les bases actuelles, bientôt le quart peut-être un jour le tiers de la population française sera d’origine étrangère (dont une très forte proportion naturellement provenant du Maghreb ou d’Afrique noire, souvent musulmane (2).

Le tableau est clair. Sur la base des tendances démographiques actuelles, on assistera à la coexistence d’une population européenne d’origine stagnante et vieillissante et à la fécondité anémiée, et de flux migratoires croissants à la fécondité dynamique. Il en ressort que l’Europe comporte déjà, et comportera encore davantage, une composante démographique d’origine africaine d’abord significative, puis importante, enfin élevée voire très élevée. A moins que cette situation ne change du tout au tout sous l’effet de facteurs imprévisibles. Mais, en matière démographique, les miracles sont rares.

Alors que peut-il se passer dans cette EurAfrique en gestation dont nous voyons déjà se dessiner les prémices sous nos yeux ? Personne n’en peut rien savoir bien sûr et nous serons donc réduits à imaginer quelques conséquences et scénarios plus ou moins probables.

a) Notons en premier lieu que personne n’a évoqué aujourd’hui, la crise économique profonde dans laquelle la France, et l’Europe, sont en train de s’enfoncer sans que personne ne puisse raisonnablement en prévoir l’issue. Tout ce que l’on peut dire est qu’il est fort peu probable que cette crise reste sans influencer les flux migratoires à venir et l’intégration des Africains déjà résidants chez nous.

b) L’Europe de Schengen, celle de la libre circulation des personnes, ne résistera probablement pas à terme à l’inégale répartition de la population africaine sur le territoire européen (avec plus de 50 % en France). Les pays voisins, notamment, l’Allemagne, seront-ils enclin à accepter chez eux les Africains trop nombreux implantés en France ? Rien n’est moins sûr.

c) Sur le plan économique, comme il a déjà été remarqué dans nos précédents colloques, il est manifeste que la montée en puissance dans la population active d’une proportion de plus en plus forte de travailleurs africains peu ou pas qualifiés ne peut que tirer vers le bas la productivité moyenne du travail, avec une influence négative sur la croissance.

c) En corolaire, il paraît vraisemblable que les coûts sociaux résultant de l’immigration, puis de l’intégration d’immigrants africains ne peuvent que s’alourdir d’année en année (3).

d) En dehors de ce constat à caractère général, un premier scénario, optimiste, celui que portent en eux plus ou moins consciemment les «immigrationnistes », - ils sont nombreux dans les médias et parmi nos « élites »-, veut que cette population d’origine africaine ou étrangère jeune, vigoureuse et dynamique, va insuffler un sang nouveau dans les veines appauvries de la vieille Europe. Dés lors celle-ci va se redresser, reverdir et connaître un véritable printemps démographique, mais aussi économique, culturel et politique. L’Europe va refleurir.
Le spectacle de nos écoles et de nos banlieues donne néanmoins à penser qu’il pourrait peut-être en aller différemment.

e) Ici, je ne peux faire mieux qu’évoquer des souvenirs personnels. J’ai été, en effet, voici près d’un demi-siècle, jeune économiste frais émoulu de l’université, nommé par le Fond monétaire international chargé de mission pour Haïti . J’allais dans ce pays attachant, que je connais bien, tous les trois mois au moins sinon davantage, et cela pendant plusieurs années. Je disais alors à ma secrétaire que « l’homme irait à coup sûr dans la lune, mais qu’Haïti ne se développerait jamais ». Prophétie, hélas, tristement réalisée de nos jours. Car Haïti est encore aujourd’hui une sorte d’enfer tropical aux terres épuisées, où les villes sont de perpétuels cloaques odorants, où la population paupérisée au-delà de l’imaginable vit au quotidien dans la peur et le désespoir. Et cela en dépit d’une aide internationale constante.

Que s’est-il donc passé pour en arriver là après plus de deux siècles de décolonisation et d’indépendance ?Eh bien, on ne sait pas au juste. Mais les historiens locaux soulignent qu’ après la libération d’Haïti au début du 19°siècle de l’oppression française, grâce à Toussaint Louverture, les métis ont chassés les blancs, puis les noirs de Papa Doc Duvalier, et de bien d’autres encore, ont chassé les métis. On en est là (4).

Pourrait-il en aller de même dans l’EurAfrique de demain ? Bien sûr que non. Cette hypothèse paraît absurde. Mais l’ exemple d’Haïti et le parcours chaotique de l’Afrique post coloniale incitent quand même à la réflexion.

Yves-Marie Laulan

(1) Source INED, Jeunes d’origine étrangère en France, Bernard Aubry et Michèle Tribalat.
(2) Il est de notoriété publique qu’un bébé né l’année zéro donnera un adulte 18 ou 20 ans après.
(3) On peut les estimer entre 7 000 et 10 000 euros par an et par personne.
(4) Ce processus n’est pas sans évoquer ce qui s’est passé au Zimbabwe ces dernières années. Et demain en Afrique du Sud ?

 

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