La chronique de Philippe Randa
Depuis des mois maintenant, les joueurs sélectionnés pour le Mondial en Afrique du Sud, leur entraîneur et les responsables de la Fédération Française de Football essuient un déferlement de critiques assassines, généralement amplement justifiées, dont le paroxysme semblait avoir été atteint après la pitoyable prestation française contre l’équipe du Mexique. Non, les insultes de Nicolas Anelka à l’encontre de Raymond Domenech relancèrent la curée politico-médiatique de plus belle et tandis que le renvoi du joueur si poète en son vestiaire semblait faire l’unanimité, ses co-équipiers jugèrent intelligent de se mettre en grève d’entraînement. Une première ! Ils étaient sans doute certains de récupérer ainsi, sinon l’estime des Français, en tous cas celles de la quasi totalité des medias…
A-t-on jamais vu ces derniers s’offusquer du sacro-saint droit de grève ?
Ce Mondial est décidément celui de toutes les déconvenues, puisque ce droit même, accordé à tout citoyen, leur est également refusé. Cela aurait même pû être la goûte d’eau qui aurait fait déborder la coupe du football français si celle-ci ne déversait pas déjà à grands flots des scandales à répétition.
Les joueurs sélectionnés par Raymond Domenech, lui-même et ceux qui l’ont maintenu dans ses fonctions, sont irrémédiablement honnis… par ceux-là même qui les ont enfantés, politiques en tête.
Alors que Roselyne Bachelot, ministre des sports, avait jusqu’alors montré une certaine retenue, s’affirmant fidèle soutien de l’équipe française tant que durerait l’épreuve et repoussant explications et réglements de compte à l’après-Mondial, elle a rejoint à son tour la meute alors même que les Bleus ont encore un match à jouer.
Elle a déclaré que ces derniers avaient “terni l’image de la France” et que le football français affrontait un “désastre”. A-t-elle craint par sa déontologique – à défaut de patriotique – réserve, d’être emportée, elle aussi, par le tsunami qui ravage le monde footbalistique ?
Et trop, finalement, c’est trop… Une telle unanimité dans la curée finit par devenir suspecte ! Pourquoi un tel revirement qui n’a pas attendu les matchs perdus pour survenir ?
Sans doute parce que cette équipe des Bleus n’avait plus grand chose à voir avec le sport et que le peuple français commençait à le réaliser. Elle n’était qu’une créature qui, inconsciemment, lui rappellait celle du docteur Frankenstein.
À une différence notoire prêt : dans le célèbre roman de Mary Shelley, c’est le peuple qui, terrorisé par l’aspect du monstre bien davantage que par l’étincelle de vie qui lui avait été donnée par un humain et non par Dieu, le traque pour le tuer… Dans la curée programmée des Bleus, ce sont ses propres créateurs – medias et politiques – qui ont décidé leurs mises à mort.
Ces créatures exhibées par la France au Mondial d’Afrique du Sud sont surtout les victimes d’un abject système qui craint désormais que le peuple français finisse par le réaliser.
Alors, en bons maffieux parfaitement rodés à prévenir le danger, medias, politiques et financiers ont décidés de faire le ménage en éliminant les témoins gênants. C’est-à-dire en désignant eux-même les boucs émissaires avant que le danger ne soit trop grand.
Comme le lecteur dans le roman de Mary Shelley, on finit toutefois, alors que sonne l’hallali, par ressentir quelque compassion pour les diaboliques créatures…
Source : Synthèse Nationale