Peu nombreux sont ceux qui se souviennent aujourd’hui des milliers de Vietnamiens et de Chinois qui moururent à Haïphong, à Kien An, à Hanoï, à Nam Dinh ou encore à Ha Giang et Bac Ninh, ou des 67 civils français qui perdirent la vie et les 48 autres disparus à jamais lors des vêpres tonkinoises du 19 décembre 1946.
C’est le lendemain que Hô Chi Minh déclare la guerre à la France ; l’interminable conflit indochinois peut commencer et seule l’armée française l’a suivi sur ce terrain parce qu’aucun des gouvernements ne s’y est aventuré, de sorte qu’on a admis en métropole la présence et l’activité d’agents de l’ennemi.
Les journaux Action, l’Express et France Observateur ont patronné et protégé, durant toute la guerre, Nguyen Van Ba et Pham Huy Thong à Paris, au vu au au sus de tout le monde !
DEVOIR D’OUBLI OU DEVOIR DE MEMOIRE ?
Les gouvernements français, les ministres, les diplomates et surtout les apparatchiks marxistes du Ministère de l’Education nationale ont tout fait pour effacer cette page de l’Histoire de France, parce que leurs complices « progressistes » des gouvernements de l’époque avaient du sang français sur les mains, la félonie et la corruption inscrites sur leurs visages.
Par contre à Hanoï les écoliers et les étudiants chantent toujours aujourd’hui les louanges de l’Oncle Hô –« 1.000 ans de vie pour Hô Chi Minh »- en oubliant les tueries commises par les Comités d’Assassinats du VNQDD (Viêt Nam Quoc Dan Dang) ou du Viêt-Minh (Viêt Nam doc Lap Dong Minh). Ces organisations terroristes ont en effet semé la terreur dès le lendemain de la 2ème Guerre Mondiale, au nom de « l’Asie aux Asiatiques » qui fut l’axe doctrinal des Japonais, tout au long du XXème siècle.
Pour obtenir leur indépendance les rebelles de l’Indochine française (aidés par les partis communistes, socialistes et « progressistes ») ne reculeront devant aucun sacrifice pour marquer de leur empreinte sanglante les esprits et affaiblir la volonté de leurs ennemis.
VICTIMES DECOUPEES EN MORCEAUX ET ENFANTS CLOUES CONTRE LES PORTES
C’est dès 1937 que la Parti Communiste Français manipule les annamites avec des revendications d’indépendance. En Chine, après de multiples « incidents » organisés par le général japonais Kawabé, 31 divisions japonaises, bien équipées, se sont jetées le 7 juillet 1937 sur les troupes de Chang Kaï Chek et cette affaire entre Jaunes n’inquiète guère les Français ni d’ailleurs les autres Européens.
Le Japon ayant envahi une très grande partie de l’Asie, il envoie des ultimatums à la France et propose des accords pour les pays d’Indochine. Ceux qui sont signés le 13/6/1940, le 30/8/1940 et en juillet 1941 garantissent la souveraineté de l’Etat Français sur le Laos, le Cambodge, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin.
« 9 mars 1945 – 18h59.
Dans le grand salon de la Résidence, à Ha Giang, au Tonkin sur la frontière de Chine, leur coupe de champagne à la main, en tenue blanche, les sept officiers de la garnison française portent un toast. En réponse, un claquement de talons et une profonde courbette de leurs invités japonais, sabre au côté. Le silence s’éternise…le commandant Sawano regarde sa montre : 19 h. Il repose sa coupe vide. Soudain un hurlement sauvage. Un sabre jaillit du fourreau, brille le temps d’un éclair, déchiquette un corps. Sawano vient de tuer le médecin capitaine Courbière qui lui faisait face. Alors c’est la ruée : tous les japonais bondissent sur les Français, le sabre haut. Seuls Moulet et le lieutenant Kéréneur résistent encore. La dernière vision du commandant est de voir le massacre de sa femme et de son bébé d’un an… Après le carnage, l’horreur. Toutes les femmes sont traînées sur la place d’armes et violées par des cohortes de soldats, sous les yeux de leurs maris dont les crânes éclateront plus tard sous les coups de pelles et de pioches.
Egarement passager, folie sanguinaire ? Bien au contraire : le massacre de Ha Giang n’est que l’application scrupuleuse d’un plan méthodique. De Gaulle souhaitait voir les troupes d’Indochine repartir au combat depuis des bases de jungle analogues à celles du Vercors ou de Bretagne. Mais les Japonais ont pris les devants et ils exécutent avec férocité des ordres froidement calculés : exterminer les officiers, écraser la troupe. Et leur cruauté est aussi politique. Il s’agit tout autant de neutraliser l’adversaire potentiel que de montrer, aux autres Jaunes, le Blanc enchaîné, sanglant, vaincu. Méprisable.
Et, à la même heure ce soir-là, partout en Indochine, le même scénario se déroule, à quelques détails près. »*
A Dong Dang, poste frontière commandant la Porte de Chine, casemates et blockhaus ont été érigés suite à l’agression nippone de 1940. Les 150 hommes du 3ème RTT se battront courageusement du 9 au 12 mars 1945. Le général japonais commandant l’offensive félicite le capitaine en anglais : « vous vous êtes battus comme des lions » dit-il. Puis il abat le capitaine d’un coup de sabre et un autre officier l’achève d’un coup de pistolet.
Le soir, devant une tranchée, tous les soldats européens, mêmes les blessés, sont décapités au sabre, 40 soldats annamites servent de mannequins vivants aux baïonnettes des Nippons déchaînés. Dong Dang est anéanti.
A Lang Son, Hanoï, Hué ou Saïgon, mais aussi à Thakhek et à Paksé au Laos, et encore au Cambodge, les détachements de la Kempétaï japonaise se lancent partout à la chasse aux Pha Lang (ou « nez long », sobriquet donné aux Européens). L’Indochine entame son calvaire.
L’épisode le plus glorieux est à mettre au crédit du Général Alessandri qui, durant deux mois, défend pied à pied la terre d’Annam et celle du Laos, espérant vainement l’appui promis par le gouvernement français, sans aucun soutien de l’aviation américaine (les Tigres Volants du Cdt Chennault) basée près de Kunming en Chine. Car le France a demandé aux Britanniques de la Force 136 de Lord Mountbatten leur aide pour venir au secours des innombrables groupes perdus en brousse.
La réaction du général américain Wedemeyer, conseiller technique de Tchang Kaï Chek, et à ce titre responsable du secteur indochinois a été brutale : « Pas un grain de riz, pas une épingle pour les Français ! », suivant en cela la volonté du Président Roosevelt qui voulait chasser toute présence française de l’Asie du Sud-Est, en accord avec Churchill et Staline.
Durant les mois suivants, on assiste partout en Indochine à une succession de crimes, autant contre les civils asiatiques qu’européens, par les « petits hommes en pyjama noir », réels bouchers sanguinaires aux ordres de Vo Nguyen Giap qui avait affirmé : « Il y aura un million de morts ». Ses Comités d’Assassinats réalisent d’entrée une partie de cette prophétie.
Il faut quand même se souvenir que toutes ces rébellions et insurrections armées contre les Français ont été soutenues et manipulées par les Japonais qui ont livrés des armes aux mouvements terroristes en Indochine, entre 1940 et 1945. Mais le comble de la traitrise et de la félonie consiste à ce que, après la rupture ouverte des communistes de Hô Chi Minh avec les Japonais, les américains prennent le relais des Nippons : l’OSS parachute des instructeurs, des armes, des médicaments et des moyens radios, aux ennemis de la France ! En juin et juillet 1945, ce sont 6 équipes de 8 officiers qui ont été parachutées dans les maquis, tous parfaitement conscients que dès la fin des hostilités avec le Japon, une nouvelle guerre mettrait aux prises Viêt Minh et Français, si ceux-ci s’avisaient de rétablir leur autorité en Indochine. Aucun d’eux n’ignore le rôle des communistes au sein du Viêt Minh de l’Oncle Hô, que eux-mêmes sont censés assister. Ces officiers sont convaincus que l’Indochine a vécu « comme au Moyen-Age, où le paysan est traité en esclave, où la liberté n’existe pas et où la peuple vit dans la misère.. ». Ils pensent que la Chine, conseillée démocratiquement par les USA, serait seule capable de conduire les Indochinois vers la Démocratie. En métropole, la majorité de la population a des idées préconçues concernant leurs colonies d’Asie du Sud-Est et croit au bien-fondé des arguments de l’Oncle Hô.
Dans le Sud-Vietnam, les armes ne se sont jamais tues. Encadrées par 2.000 japonais, les bandes du sinistre Nguyen Binh et celles de ses alliés des sectes Binh Xuyen et Hoa Hao constituent une guérilla dangereuse responsable d’innombrables attaques meurtrières, notamment à Saïgon.
Dans le Nord, la rébellion est surtout menée par les Tu Vé, milice auxiliaire, véritable association de malfaiteurs et de déserteurs qui multiplient les exactions et les attentats à Bac Ninh, à Haïphong, à Lang Son, à Tourane, à Hanoï, selon la stratégie du Viêt Minh cherchant à « fixer » le maximum de troupes françaises en éparpillant les objectifs, de façon à en affaiblir la force de frappe et d’intervention.
Le 24 septembre 1945 à Saïgon, après plusieurs jours d’émeutes, c’est l’abominable massacre de la cité Hérault : 300 Français, hommes, femmes, enfants, de condition modeste, enlevés, torturés, massacrés dans un délire de cruauté tellement inimaginable qu’aucun parti, aucun mouvement, aucune secte n’osera en revendiquer la responsabilité.
La xénophobie étant le meilleur des leviers, chacun durcit sa position. Les chefs communistes, convaincus que l’indépendance se gagnerait à Paris, déplorent ouvertement les violences. Mais Ha Ba Cang, alias Hoang Quoc Viet, l’un des lieutenants les plus durs d’Oncle Hô, arrive le 1er octobre 1945 à bord d’un avion américain. Son alibi envers les USA est une pseudo enquête sur l’assassinat, le 27 septembre, du major Dewey représentant de l’OSS pour le Sud Vietnam. En réalité, Hoang Quoc Viet apporte aux leaders communistes de Saïgon (Giau et le docteur Trach) des directives d’intransigeance : « Il faut, leur ordonne-t-il, creuser entre les Français et le peuple vietnamien un fossé de sang infranchissable. »
LES VEPRES TONKINOISES : 19.12.1946.
Partout Giap masse ses troupes, excitant ses Comités d’Assassinats, manipulant les Tu Vé et flattant les sectes.
Le 19 décembre dans l’après-midi à la demande de Giap, le général Morlière déconsigne les troupes en alerte.
A Hanoï, les Tu Vé ont reçu pour mission de s’emparer par surprise de tous les civils français et des Vietnamiens réputés francophiles, pour les interner à Bach Maï. 200 officiers et sous-officiers japonais, anciens de la Kempetaï, dirigeront l’opération ! Officiellement, Giap dispose de 952 hommes en vertu des accords du 6 mars ; de 30 à 40.000 en réalité, répartis dans la banlieue de la ville. A 20 h, l’attaque se déclenche, brutale comme celle du 9 mars 1945 : des isolés sont assassinés, des civils européens, des Eurasiens, des Vietnamiens, des Chinois sont enlevés pour servir d’otages et enfermés à Bach Maï avant d’être transférés à Hoa Binh, l’ancien camp de la mort ouvert par les Japonais. Dans la ville, plongée dans l’obscurité par le sabotage de l’usine électrique, la résistance des Français de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale est acharnée.
A l’aube, Giap a perdu la partie dans un bain de sang et au fur et à mesure de la libération des quartiers, on constate l’ampleur des massacres : « enfants découpés en tranches, bébés cloués vifs aux portes, femmes violées et ouvertes au couteau comme à la boucherie ; seins et joues découpés ; cœurs, foies, poumons trouvés cuisants dans des marmites » écrira un témoin. Hô Chi Minh et ses sbires s’enfuient à Hadong.
Partout, les garnisons françaises sont attaquées de la même manière et partout elles résistent avec succès. A Nam Dinh, les 500 hommes soutiennent un siège de 82 jours avant d’être secourus. A Hanoï, les combats se prolongent jusqu’au 1er février 1947 et par un accord conclu via les commerçants chinois les derniers rebelles communistes quittent la ville.
Mais dès le 2 janvier 1947, l’Oncle Hô a accepté de rencontrer le ministre des Colonies, Marius Moutet envoyé en Indochine sur ordre de Léon Blum pour « s’entendre à tout prix avec Hô Chi Minh », ordre donné avant l’agression du 19 décembre 1946. Bien entendu, le Viêt Minh attribue à l’armée française la responsabilité de la rupture sanglante du modus vivendi. Les atrocités ? Bah ! Le fait sans doute des irréguliers du parti rival : le VNQDD, fauteur de troubles, bien connu.
Il faut une bonne dose de mauvaise foi et d’hypocrisie, pour soutenir que le problème indochinois s’est engagé dans la voie du sang et des larmes par la volonté belliqueuse de l’Armée française.
En réalité, les gouvernements de la IVème République -tous de gauche- n’ignoraient rien des objectifs du Vietminh : l’indépendance et la réunion des trois Ky dont celle-ci aurait été imposée à la Cochinchine récalcitrante par la France elle-même. Félix Gouin, Léon Blum et Vincent Auriol ont laissé pourrir la situation et ne répondaient pas aux ouvertures de l’Oncle Hô qui, lui, préparait la guerre.
Le 10 novembre 1946, le Parti Communiste Français avait obtenu 28% des voix aux législatives et disposait de 170 députés à la Chambre. Depuis des années, les communistes étaient favorables à l’unité du Viet Nam et ils croyaient à une solution pacifique en collaboration avec l’Oncle Hô.
L’avenir contredira leurs chimères pacifistes…
Pieter KERSTENS
Bibliographie :
Georges BLOND : « Histoire de la Légion Etrangère » 1964
Pierre SERGENT : « Je ne regrette rien ». A. Fayard. 1972
Erwan BERGOT : « Vandenberghe, le seigneur du Delta ». Balland.1973
Erwan BERGOT : « Les héros oubliés ». Grasset. 1975
Henri JACQUES : « Guerre secrète en Indochine ». O. Orban. 1979
Stanley KARNOW : « Vietnam ». Presses de la Cité. 1984
Stein TENNESSON : « Déclenchement de la guerre d’Indochine ». L’Harmattan. 1987
*Amédée THEVENET : »La guerre d’Indochine racontée par ceux qui l’ont vécue » France Empire. 2001